« Jurant dans sa barbe, Ebert attrapa la boîte de cigares. Le parti, le parti… c’est ainsi qu’on prétendait gouverner ! Soudain, mû par une nouvelle idée plus souriante, il se mit à marcher, lentement sur le tapis, tirant sur son cigare, la tête rejetée en arrière. Il se disait : “Tout doux, d’abord un pas, puis l’autre, gauche, droite, gauche, droite… et surtout ne pas sourciller.” Il tira sa montre en argent, le couvercle réfléchissait les images mais déformait. J’ai besoin d’un miroir de poche. Après quelques allées et venues solennelles, une idée lui vint : “Je vais faire entrer quelqu’un, pour vérifier si ça fait son effet.” »

Les deuxième et troisième tomes de Novembre 1918, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l’on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles… ; ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manœuvres : au niveau des États, les affrontements autour du Traité de Versailles, qui décideront de l’avenir de l’Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d’amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.

> Lire le compte rendu de la conférence « L’Actualité politique d’Antigone à travers le roman d’Alfred Döblin Novembre 1918, une révolution allemande » organisé par l’Association orléanaise Guillaume Budé (22 novembre 2008)

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