« Ceux que la société prend en considération, ce sont ceux qui serrent les mâchoires et dont l'harmonie intérieure repose presque uniquement sur la dureté et le culte de la prestation. Ce genre d'être humain n'est jamais malheureux et c'est pourquoi il ne vaut pas la peine d'en parler. Tout ce que l'on peut faire, c'est constater que ces gens sont les ennemis naturels de ce qui est trop sensible. Sous ce fait se dissimule un abîme de jalousie et de brasserie de toute nature, car c'est sans doute ainsi que se présente la vie. Il s'agit peut-être d'une lutte entre ce qui est grossier et ce qui est trop sensible, entre diverses espèces de nerf, entre stabilité et brutalité recouverte d'un vernis superficiel. Et de même que cette lutte se déroule aussi, sans doute, en chacun de nous qui vivons sur cette terre.

C'est ce que ressent celui qui est trop sensible, c'est-à-dire ce qu'il éprouve au moyen de ses nerfs, sans être atteint pour autant d'une maladie nerveuse ; du moins n'est-il pas plus malade que tous ces salauds bruyants, durs et gaillars, qui en toute circonstance sont l'ennemi de celui qui est trop sensible. »

Second volet d’une autobiographie, ce roman de la ténacité élargit « aux dimensions des terres infinies de l’imagination » l’archipel de pauvreté et de solitude de son enfance, que racontait Même les orties fleurissent.

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